Vous vous rappelez encore de ces temps forts passés en classe, à la récréation, lors des semaines culturelles, ou des compétitions autour des BD, des livres illustrés, des romans ados… ? Ah quelle nostalgie! Quant à moi, mes souvenirs n’ont pas encore disparus...
Je me suis amusée à me renseigner sur comment la jeune génération vit cette nostalgie. L’enquête a commencé d’abord dans mon entourage, ensuite au niveau des enseignants du secondaire en passant par quelques bibliothécaires et s’est terminée par les libraires de Lomé. Les résultats semblent être loin de ce qu’on a vécu. Est-ce à cause de notre trait de personnalité ? est-ce à cause de l’influence de nos enseignants ou de nos encadreurs ou encore celle que nos parents avaient sur nous à l’époque? est-ce à cause de la révolution du numérique ?
Le changement de paradigme
Sur l’échantillon des élèves que j’ai interrogé, 9/10 n’ont plus comme centre d’intérêt « la lecture ». Ils/elles veulent des médias qu’on peut « visionner », qu’on peut « défiler » soi-même : «moi je veux un truc que je peux changer à tout moment selon mon goût et selon la tendance», disait une d’entre elles, lors de notre interview. Quelle révélation ! Nous sommes à la génération 2.0 et l’imaginaire n’est plus le même. Cela me rappelle cette phrase célèbre de Birama dans Sous l’orage de Séydou Badian, « Tout change et nous devons vivre avec notre temps».
Conséquence, les élèves désertent les bibliothèques et les libraires, ou restent la plupart du temps oisifs dans les lieux de lecture. Certain des acteurs du livre nous ont confié que le centre de gravité de la lecture s’est déplacé « en milieu rural », puisque là, le livre est encore considéré comme « un bien précieux ». Voilà pourquoi aujourd’hui des initiatives comme des bibliothèques mobiles ont vu le jour.
Cependant, le débat reste d’actualité à cause de plusieurs indicateurs. Le niveau de langue et de culture des élèves a drastiquement baissé, ce qui soulève une problématique dans la gestion des politiques sectorielles de l’éducation dans plusieurs pays africains. Le livre n’améliore-t-il pas notre qualité de vie… ? le digital dame-t-il, de nos jours, le pion aux livres physiques ? Même si c’est le cas, le digital devrait bien aider la jeunesse à devenir fan de la lecture, puisqu’aujourd’hui, les livres audio font une part belle sur le marché du livre. Le problème se trouverait-t-il ailleurs ?
J’ai gardé dans mon bloc note d’autres réactions des élèves, je vous en donne encore quelques-unes. « Je n’aime pas lire », « mes amis ne vont pas à la bibliothèque, donc moi non plus », « Il n’y a pas de bibliothèque dans mon quartier », et un autre « mes parents n’ont pas les moyens pour m’acheter un livre » ; « Je n’ai pas de temps » etc. Ces réponses doivent interpeler chaque acteur, que nous sommes sur toute la chaîne de la promotion du livre jeunesse.
S’adapter au numérique
A cet effet, l’intégration du numérique s’avère important dans l’éducation sans oublier qu’en terme de lecture, il faut s’y prendre très tôt, dès le base âge pour développer le goût de la lecture chez les enfants. Quant à ceux qui sont pris au piège du retard, il nous faut donc repartir aux notions de base en termes de lecture, même pour nos élèves du secondaire, pour créer de l’attirance vers le livre. Parents, tuteurs, enseignants, vous qui chercher à faire lire les enfants, lisez-vous vous-même ? Donnez le gout de la lecture aux enfants et soyez en leur modèle. Retournons donc aux livres qu’il leur faut : les livres audios, les albums et romans jeunesse, les bandes dessinées, surtout africains. Mettons-y les moyens, comme le dit, l’adage : « On reste fidèle à quelque chose que lorsqu'on essaye de l'aimer et qu'on s'y attache. »
Chaque réaction soulevée, par ces élèves ou ces libraires et bibliothécaires, peut devenir un défi à résoudre et une lueur pour insuffler une nouvelle révolution dans le monde de la littérature jeunesse….. A votre avis, le livre mérite-il d’être détrôné ? Si vous êtes de ceux qui veulent redonner force à la littérature jeunesse, alors Muna Kalati est la plateforme de changement, qu’il vous faut. Rendez-vous sur https://www.munakalati.org ou sur https://www.facebook.com/AssoMunaKalati/ pour en parler vivement.
Délali Kpotufe, Muna Kalati Program Officer