Le dictionnaire antidote définit le mot apprentissage dans l’une de ses acceptions comme l’« état de l’apprenti ; période de formation de l’apprenti, formation professionnelle suivi par l’apprenti. ». C’est donc un processus qui requiert une organisation et des étapes. La littérature de jeunesse pourrait permettre de suivre un réel processus d’apprentissage de la théorie à la pratique.
Les livres de jeunesse regorgent des savoirs qu’il est nécessaire de transmettre aux enfants africains (la médecine, la gastronomie, légendes et autres.) Ces savoirs peuvent véritablement permettre aux enfants de se perfectionner progressivement et devenir plus tard, des personnes complètes et qualifiées. Depuis trois années, l’association Muna Kalati met un accent sur la formation des tout-petits à travers les ateliers de lecture plaisir réalisés en collaboration avec l’Alliance Franco-Camerounaise de Dschang. L’un des objectifs est de faire de la lecture un plaisir tout comme regarder la télévision ou pratiquer une activité ludique. Sur un plan purement pratique, un livre de jeunesse comme la fête des fruits de Frida Akoa, permet entre autres aux enfants d’apprendre la salade de fruits. Pour que ces connaissances soient transmises aux jeunes lecteurs, des techniques particulières doivent être expérimentées en fonction des livres.
Faire une insistance sur les qualificatifs positifs donnés aux personnages, les concepts utilisés dans les livres de jeunesse, etc.
Lorsqu’on aborde les livres de jeunesse, il y a des termes ou des concepts qui sont parfois utilisés non seulement dans les titres, mais aussi dans le contenu. Dans cette première étape, le parent qui accompagne l’enfant dans la lecture du livre jeunesse devra expressément insister sur ces termes. À titre d’illustration, nous avons le livre : Mara, l’enfant autiste de Chimène Ngouekeu Koukam, une focalisation pourrait être faite sur le mot autiste.
Expliquer aux enfants la signification de ces qualificatifs et concepts en fonction de leur âge
La deuxième phase ici est l’explication de ce terme, la clarification terminologique. L’avantage est que le livre jeunesse est conçu en fonction des âges. Nonobstant, ce n’est en aucun cas une garantie de la pleine maitrise des concepts contenus dans le livre en question. Par conséquent, le moniteur ou le parent qui accompagne l’enfant dans la lecture du livre jeunesse doivent prendre le temps d’expliquer clairement ce nouveau mot. Dans l’exemple pris ci-dessus, le parent peut dire que l’autisme est une maladie qui crée la distance entre le malade et les autres. L’enfant atteint a tendance à se recroqueviller sur lui-même. Son handicap éloigne aussi les autres enfants de lui. Le rôle du parent c’est donc de faire comprendre à son enfant que ces personnes doivent se sentir aimer afin de pourvoir surmonter leur handicap.
Écrire ces mots sur les petits papiers.
Pour garder l’enfant en contact avec cette nouvelle acquisition, il est nécessaire qu’elle soit marquée sur du papier. Ceci permettra une meilleure conversation. Il devra lui-même conserver ces mots en attendant l’implémentation ou la réalisation de la prochaine étape.
Afficher les mots sur des endroits accessibles aux enfants
À ce stade, il est nécessaire de créer un espace à la maison accessible à l’enfant, un endroit où seront placardés les différents mots et concepts, une sorte de tableau secret pour l’enfant, un lieu de conservation des savoirs. Ce dernier doit être impliqué dans le choix de cet espace. Ce lieu pourrait être sa chambre.
Favoriser la familiarisation aux nouvelles acquisitions.
C’est ici que l’apprentissage des valeurs, et la construction du savoir sont déterminants. Pour l’exemple susmentionné, le parent pourra communiquer régulièrement sur les caractéristiques des enfants autistes, le comportement à afficher face à ce dernier du fait de sa spécificité. Il pourra dans la mesure du possible accompagner son enfant à la rencontre des enfants autistes. Mener des activités avec ces derniers dans l’optique de créer un climat d’acceptation de la différence et de tolérance serait aussi une bonne approche. Nous pensons qu’avec cette procédure, les enfants vont progressivement engranger des valeurs éthiques et existentielles. Il faudrait déjà que les parents accordent une importance à la littérature de jeunesse et comprennent la nécessité d’habituer ces derniers aux livres de leur âge.
En définitive, nous pensons qu’il est possible de se servir des livres de jeunesse pour transmettre des savoirs et favoriser l’application des acquis par des enfants. L’éducation est un investissement à plusieurs niveaux. Les parents doivent comprendre qu’en dehors de l’aspect financier, il y a aussi l’aspect accompagnement. Celui-ci est même déterminant, car sans cette disponibilité, le processus d’éducation et de formation des tout-petits rencontrera des failles. Une fois que la prise de conscience de ces enjeux sera un acquise, une éducation plus consistante et efficiente pour les enfants africains, au moyen des livres de jeunesse africains, sera possible.