Serviable, Souriante et simple sont les 3 adjectifs qui me viennent naturellement à l’esprit au souvenir de Viviana Quinones, une bibliothécaire d’origine argentine, que j’ai eu le plaisir de connaitre depuis 2016, dans le cadre de mes recherches sur le livre jeunesse africain au Centre national pour la littérature jeunesse de la Bibliothèque nationale de France (BnF). Ses conseils et encouragements ont largement contribué à la naissance de l’association Muna Kalati, première organisation facilitant la recherche, formation et le plaidoyer sur la littérature jeunesse africaine. Dans le présent article, Christian Elongué, président de MK, partage mélancoliquement quelques uns des moments inoubliables partagés avec Viviana, dont la mémoire demeurera éternelle et inestimable pour MK.
Une leader servante passionnée par le livre et la lecture jeunesse
Serviable et toujours prête à aider, ce fut grâce à elle que j’avais pu obtenir un stage recherche au sein de Takam Tikou de la BnF. Durant mon séjour, elle m’a considérablement facilité l’accès aux écrivains et éditeurs de livre jeunesse résidant en France et en Belgique, de même qu’elle m’a orienté dans la constitution de la première base de données sur les auteurs (écrivains et illustrateurs) de jeunesse camerounaise. Sa disponibilité, amabilité et convivialité ont accéléré mes travaux de recherche, me permettant de réaliser en 3 mois ce qui aurait pu prendre une année.
2. Un sourire contagieux qui reflète son caractère généreux.
Souriante et enthousiaste, il était difficile de passer 1 heure en sa compagnie sans apercevoir le sourire discret qu’elle affichait. Ce sourire était plus large lorsque nous échangions sur le football ou sur des questions familiales, notamment son fils dont elle était particulièrement fière. Il m’était donc difficile d’imaginer en 2016 que son état de santé était instable car son sourire d’alors communiquait la joie de vivre et la compassion.
3. Simple dans ses rapports humains mais professionnelle au travail
Simple dans ses rapports humains, elle était rarement bureaucratique avec mo, mais très accessibles. En 2016, il m’arrivait de lui écrire le weekend, n’attendant une réponse que le lundi, mais elle me répondait parfois promptement. Sa promptitude témoignait pour moi la passion qu’elle avait pour ce qu’elle faisait. Sa simplicité était également visible dans son expression écrite et ses différents articles autour des bibliothèques et de l’édition jeunesse africaine. Ayant un background académique avec un jargon technique, il m’était très difficile d’écrire simplement et clairement.
Lorsque je voulus donc publier une synthèse de mes résultats de recherches, ses commentaires minutieux m’aidèrent donc grandement dans la révision de mon article qui fut finalement publié à ma grande joie. C’est donc principalement grâce à son coaching que j’ai été initié à la rédaction pour un public jeune, ce qui m’a été très utile par la suite lors de la rédaction d’articles autour de la littérature enfantine africaine.
En 2018, ses conseils furent très précieux, lorsque je réfléchissais sur le choix d’un éditeur pour mon livre « Introduction à la littérature jeunesse au Cameroun ». En 2019, il m’arrivait de lui écrire sur WhatsApp non seulement pour prendre de ses nouvelles et lui faire part de l’état d’avancement du projet « Muna Kalati » auquel elle a grandement contribué au travers de ses idées et encouragements. C’est donc en 2019 qu’elle m’informa de la détérioration de son état de santé et c’est naturellement que je l’avais inclue dans mes prières, car au-delà d’une simple mentor, elle occupait déjà une figure maternelle dans ma vie.
C’est donc avec beaucoup de peine que j’ai appris qu’elle était passée de vie à trépas. Malgré la douleur qui règne dans nos coeurs à Muna Kalati, nous sommes davantage résolus à tout donner pour l’atteinte de cette mission de promotion du livre et de la lecture jeunesse, afin de perdurer l’héritage de Viviana Quinones en Afrique et dans le monde.
Bien qu’étant une bibliothécaire de formation, ses actions humanitaires, son attitude de leader servante ainsi que sa passion pour la rencontre des cultures et générations, ont contribué à la transformation de nombreuses vies et destinées, parmi lesquelles la mienne. Telles les racines d’un baobab, l’impact de son œuvre perdurera.
Je souhaite de tout cœur que sa mémoire soit préservée au travers d’un prix ou évènement littéraire en Afrique, France ou Europe. Par la grâce de Dieu, l’équipe Muna Kalati honorera sa mémoire au travers d’un prix littéraire en son nom.
Toute l’équipe de Muna Kalati, par ma voix, présente ses plus sincères condoléances à sa famille de même qu’à ses collègues du Cnlj, de la BnF et du IFLA. Malgré la tristesse, ne perdons pas définitivement notre allégresse en sachant qu’un baobab, ne meurt jamais. Même quand il tombe, ses racines le font revivre.
Au Cameroun, le pays des Lions Indomptables, une équipe de football qu'elle appréciait bien, nous croyons fermement qu'un lion ne meurt jamais, il dort...