Telle fut la préoccupation de la sixième table ronde tenue le vendredi 09 Décembre 2022, lors du Salon du Livre Jeunesse et de la Bande Dessinée de Yaoundé (SALIJEY), organisé par Muna Kalati et Akoma Mba au Cameroun. Cette table ronde a réuni plusieurs experts à savoir Aliou Sow (Directeur Général desEditions Ganndal en République de Guinée), Simon de Saint-Dzokotoe(Écrivain, Directeur de Librairie Racines au Togo), Laurence Marianne (Écrivaine de Jeunesse en Guadeloupe/France) et enfin Dr Narcisse Fomekong (Expert en développement social et culturel au Cameroun).
Modérée par Hermann Labou, ladite table ronde a permis de dégager des perspectives intéressantes. Mais avant d’explorer le sujet en profondeur, les panélistes ont fait un bref historique des prix littéraires en Afrique et relevé quelques facteurs liés aux difficultés économiques des prix littéraires jeunesse.
Bref historique des prix littéraires en Afrique
La problématique des prix littéraires en Afrique n’est pas nouvelle. Depuis l'ère coloniale à nos jours, elle a toujours été au cœur de nombreuses discussions littéraires. L'évolution de ces échanges a abouti à des réalisations satisfaisantes à savoir le Prix Nobel de littérature (1895), le Grand Prix Littéraire d'Afrique Noire (1961), le Prix Wole Soyinka de littérature (2005), le Prix Caine (2000) et le Prix Jeanne de Cavally (2002) qui est l’un des 5 prix littéraires dédiés à des auteurs/illustrateurs jeunesse en Afrique
Au Togo, le prix littéraire jeunesse Plumes en Herbe, lancé à l’occasion de la Foire Internationale du Livre de Lomé 2020 (FI2L-2020), est doté d’une enveloppe d'un million cinq cent mille (1.500.000) de FCFA destinée au financement du meilleur manuscrit de l’édition 2020. Le gagnant bénéficie également d’un accompagnement aux fins d’assurer une promotion efficace de son œuvre. Les organisateurs de ce prix ont peiné à rassembler les quatre million sept cent cinquante mille (4.750.000) FCFA auprès des sponsors. Et il existe de nombreux prix pareils, organisés dans plusieurs pays d'Afrique, qui rencontrent d'énormes difficultés financières, lorsqu' ils sont impossible d'être entièrement financés par les organisateurs eux-mêmes. Ce qui entraîne donc la disparition de certains prix à peine initiés lorsque les ressources tarissent.
Les facteurs liés aux difficultés économiques des prix littéraires jeunesse
Si l'organisation des prix littéraires jeunesse vient avec son lot de difficultés qui impactent négativement l'économie du livre jeunesse c’est, sans risque de se tromper, dû aux facteurs suivants :
Le manque de planification et de préparation qui emmène chaque maison d'édition à se précipiter pour organiser des prix. Dans certaines maisons d'édition, c’est un grand manque de préparation qui ne prend en compte aucune ligne budgétaire. Or, tout projet nécessite une bonne planification et préparation pour être réussi et pérennisé. Comme le disait dans une interview accordée à une chaîne de télévision de la place, l’artiste ivoirien Salif Traoré, Commissaire Général du Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo (FEMUA): “Chaque FEMUA se prépare au lendemain du précédent."
L’absence de stratégie, d’information et de mutualisation culturelle qui fait que les prix ne sont pas suffisamment visibles et reconnus. Parlant d'information selon Simon Saint-Dzokotoe, il y a même des prix qui sont organisés, mais pour lesquels les acteurs concernés et ciblés, ne sont pas informés.
Le manque de soutien des pouvoirs publics. Cela rend très difficile les initiatives prises par les organisateurs des prix.
Considérant ces facteurs, des perspectives peuvent être proposées.
Les perspectives
D'après nos experts du jour, cela passe par :
Le recensement et le suivi de tous les prix littéraires jeunesse existants par les autorités compétentes dans l’objectif ultime de mieux les connaître. Les prix littéraires jeunesse ont besoin d'être suffisamment structurés. Cela faciliterait également leur promotion. C’est l’optique poursuivie par Muna Kalati dans cet article recensant 5 de ceux existant en Afrique.
La fédération des prix littéraires jeunesse pour avoir un plus grand impact économique sur le secteur. Ce qui pourrait même faciliter la communication car bien qu’adoptant des approches différentes, les prix ont tous les mêmes buts.
L'accompagnement des pouvoirs publics à travers les ministères de la culture et de l’education nationale pour soutenir les initiatives enclenchées et renforcer les dispositifs déjà mis en place par les organisateurs des prix.
Au terme de ces échanges de la quatrième journée du SALIJEY, il ressort que les prix littéraires n’ont pas un réel impact positif sur l'économie du livre jeunesse en raison de plusieurs facteurs. Toutefois, des solutions ont été suggérées en vue de permettre à ces prix de contribuer davantage au développement économique du livre jeunesse.
C’est sur des mots de remerciement du modérateur à l’endroit des panélistes et de l’auditoire que la session du jour s’est refermée. Si vous aimeriez être panéliste, n’hésitez point à nous écrire à info@munakalati.org.