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Quand le conte camerounais s’expatrie

Quand le conte camerounais s’expatrie…

L’Afrique est réputée être le continent où le  patrimoine immatériel est assez présent. Mais de quelle présence parlons-nous ? Si  ce patrimoine est mieux mis en exergue ailleurs que sur le continent lui-même. L’Europe  apparait comme  le lieu idéal pour l’expression du conte africain, mieux du conte camerounais. Sinon, comment expliquer que deux des principaux conteurs camerounais exercent tous en Europe ? Il s’agit de François Essindi et de Boniface Ofogo 

1. Francosi Essindi, un maestro du Mvet.

Francosi Essindi, un maestro du Mvet

Le premier est l’une des figures contemporaines de la pratique de l’art Mvet. Né le 3 mars 1970, il a dû quitter le Cameroun au début des années 2000 pour rejoindre l’Hexagone ou il exerce en tant que conteur, formateur, chanteur…. Le départ du  Cameroun fut « malgré lui » comme il explique dans une interview accordée à Air du Boa et publié le 24 août 2014 sur YouTube. Entre autres  livres de contes publiés, nous pouvons citer La Lance du cafard, qui met en exergue les fourberies de Kulu la tortue face au cafard, la poule et la  civette,

Le Chasseur et le porc-épicLe  Chien et le Chimpanzé et Le  Sifflet magique. Tous ces contes emmènent le public dans le monde fantastique tout en lui procurant des astuces pour mieux appréhender  la vie au quotidien.

La lance du cafard


2. Bonifa Ofogo Nkama

Bonifa Ofogo Nkama
Source :
http://www.iesmiguelservet.es/lengua/2021/

Le deuxième ne vit  pas en France comme le premier mais plutôt en 

Espagne. Boniface Ofogo Nkama, contrairement à Français Essindi émigra en Espagne pour poursuivre des études

 depuis 1988 

et  ne s’est plus jamais réinstallé au Cameroun. Il vit en Espagne, à partir de là, il fait des tournées en Europe pour divertir les jeunes Européens. Les histoires qu’il raconte sont d’origine africaine, la lecture de ses deux li

vres publiés en dit long. Il  s’agit de Una vida de cuento (anthologie qui met en exergue l’importance de la tradition orale) et de El  león Kandinga (Le lion  Kandinga). Ces livres sont écrits en espagnol mais le conteur dans ses interventions en public utilise aussi bien l’espagnol que le français, tout dépend du public qu’il a en face de lui.

El león Kandinga

La réussite de ces conteurs hors de l’Afrique est à féliciter. Cependant, il faut se demander pourquoi ils ne parviennent pas à s’émanciper dans leur propre continent. Il n y a aucun doute que les enfants, aussi bien Européens qu’Africains sont prédisposés à apprécier le conte. L’enseignement  du conte doit être intégré dans les curricula depuis la maternelle.  Il s’agit de promouvoir l’éducation artistique qui implique aussi bien les pédagogues que les artistes. Ainsi, les jeunes grandirons avec cette culture du conte  pas seulement dans la cadre familial mais aussi dans les structures aménagées pour la circonstance et qui s’adaptent aux réalités de l’heure. Le conteur ne sera plus obligé de s’expatrier car il aura un public à son écoute.  Ce faisant, on fournira aux enfants  citadins cette richesse, parce que, à la différence de ceux qui  vivent en zone rurale et qui bénéficient encore pour certains des récits de leurs grands-parents, ils  sont presque exclus.

L’expatriation des conteurs camerounais est pour ainsi dire le corolaire du manque d’une politique culturelle adéquate qui favorise l’éducation et l’expression artistiques. Tout de même, il faut féliciter les efforts que fournissent François Essindi et Boniface Ofogo Nkama à l’extérieur, en espérant de les voir œuvrer localement.

Nar6 Fomekong

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