
Destiné aux enfants à partir de 7 ans, cet album au format à l’italienne reprend l’histoire du peuple Béti. Dans cet album, il est question de la traversée du peuple Béti au XVIIe siècle de l’Ossananga (Sanaga) grand fleuve du Cameroun, pour fuir les Tikars en quête de pâturages pour leur bétail. Au cours de la fuite, les Voutés vont profiter d’un ancien contentieux avec les Bétis pour attaquer ces derniers.
Une « mise au point » en début d’ouvrage indique l’orientation prise par l’auteur qui choisit d’axer son récit sur trois personnages : l’« homme serpent », patron de la nature, le « Sauveur des hommes », chef guerrier, et le « Maître du verbe », coordonnateur des opérations. Les Bétis parvinrent tout de même à échapper aux guerriers Vouté,, même s’ils furent stoppés par un grand fleuve, l'ossananga. Ne sachant comment faire pour le traverser compte tenu de sa longueur, de sa largeur et de sa profondeur, le chef (le grand Nkukuma Ngan Medza’a) se transformera lors du rituel d’invocation des forces ancestrales détentrices du soutien spirituel et du pouvoir des alliances totémiques.
Le roi s’était transformé en serpent (serpent magique) et s’est allongé d’une rive à l’autre pour permettre à son peuple de traverser. La condition était que personne ne pique un objet sur le pont au moment de la traversée. Malheureusement, c'est Colo Kunu qui va tuer le serpent en lui infligeant une piqûre de sa lance. La fin nous en dit plus lorsque le chef Ngan Medza’adit : « Je suis fini ! » Antimon Dieu !Kolo-Kunu m’a tué ! Il a trahi notre pacte. Bebela ! Maudit soit Kolo-Kunu ! À Ntiambawama ! p22.
Dans la culture Fang, le pouvoir n’est pas donné à une seule personne, mais à trois ; d’où le pouvoir physique, celui de la parole et le pouvoir de la nature (uniquement aux vieux, réputés pour leur sagesse). Dans cet album, nous avons trois grands héros qui représentent le pouvoir chez les Fang : Nnebodo, le pouvoir physique, Kolo Kunu, celui de la parole (maitre du verbe) et Ngan Medza’a, le pouvoir de la nature.
La magie du serpent constituant les trois pouvoirs mis ensemble prend fin à cause du coup d’État prévu par Kolo Kunu, qui, assoiffé du grand pouvoir, est prêt à sacrifier tout le peuple. Mais, malheureusement, lui non plus ne traversera le fleuve. Il sera la cause de la malédiction de tout un peuple. C’est depuis ce temps que le peuple Béti est établi de part et d’autre de la Sanaga. Avec la construction d’un pont à Ebebda, en 1982, des échanges sont à nouveau permis entre les deux groupes.
Le lecteur, le jeune lecteur, au sortir de cette lecture, est éduqué sur les attitudes d’un citoyen modèle et sur les conséquences de la trahison et de la course effrénée et individualiste vers le pouvoir. Chacun devra respecter et tenir à ses promesses de groupe afin d’éviter le châtiment de la nature.
lors de la dédicace de l’album Le serpent magique au SILYA 2018